Fronde à droite contre l’"invasion" de la théorie du genre à l’école (Le Monde)

Fronde à droite contre l’"invasion" de la théorie du genre à l’école (Le Monde)

Fronde à droite contre l’"invasion" de la théorie du genre à l’école (Le Monde) 368 225 Virginie DUBY-MULLER

Fronde à droite contre

l' »invasion »

de la théorie du genre à l’école

 

LE MONDE | • Mis à jour le

Par Mattea Battaglia et Stéphanie Le Bars

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Quelques phrases d’une députée socialiste prononcées dans le cadre du débat sur le projet de loi Peillon sur l’école, fin février, ont suffi à relancer la polémique sur « l’invasion organisée et militante de la théorie du genre dans le secteur éducatif », dénoncée le 16 avril par le patron des évêques de France. En cause, un amendement, porté par la gauche, qui introduit dans les contenus enseignés au primaire la notion « d’égalité de genre ». A la manœuvre, cette fois, l’association étudiante de droite UNI, fortement engagée dans les manifestations contre le mariage pour tous. Une conjonction qui ne doit rien au hasard. Pour les antimariage gay, « la loi Taubira est le cheval de Troie des défenseurs de la théorie du genre dans la société ».

Créé il y a tout juste un mois pour alerter sur un « changement de civilisation » et « l’effacement de l’altérité sexuelle », un « Observatoire de la théorie du genre » aurait déjà collecté plus de 112 000 signatures pour une pétition contre « l’enseignement de la théorie du genre à l’école ».

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Cette dernière soutient qu’« un amendement a été adopté en catimini en commission afin d’introduire l’enseignement de la théorie du genre à l’école élémentaire dès 6 ans ». Et appelle les parlementaires à s’y opposer, affirmant qu’« un tel discours (…) risque de causer beaucoup de confusion et de perturber les esprits de si jeunes enfants ».

Mais de quel « discours » parlent les porteurs de cette pétition ? L’amendement qui suscite leur indignation se résume à une phrase : « Elle assure les conditions d’une éducation à l’égalité de genre. » Comptant parmi les initiateurs de cet amendement, la députée Maud Olivier (Essonne) s’étonne de la polémique. « Il porte sur une éducation à l’égalité entre filles et garçons, par sur une prétendue théorie du genre. Notre souhait est de faire prendre conscience aux enseignants que ce sont les stéréotypes liés au sexe qui engendrent les inégalités dans les parcours des élèves, et qu’il faut intégrer, à tous les niveaux de la scolarité, une éducation à l’égalité. »

« PRISE DE POSITION IDÉOLOGIQUE »

Fausse polémique, alors ? Pas exactement. La présentation de l’amendement en commission, le 28 février, a mis le feu aux poudres. En l’absence de Mme Olivier, Julie Sommaruga (Hauts-de-Seine), l’a défendu, évoquant « l’idée de substituer à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles, qui renvoient à la biologie, le concept de genre qui lui, au contraire, montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites ». Provocation ? « J’assume l’emploi du mot genre, affirme Mme Sommaruga. Si une certaine droite veut le détourner, c’est à elle d’assumer le conservatisme de son analyse. » « Remplacer le mot sexe par genre dénote clairement une prise de position idéologique », déplore de son côté Olivier Vial, le responsable de l’UNI.

L’idée choque aussi le député UMP Xavier Breton. « Nier les différences sexuelles pour combattre les inégalités, cela n’a pas de sens », confie-t-il. En décembre 2012, il a réclamé, avec la députée Virginie Duby-Muller (UMP, Haute-Savoie), une « commission d’enquête » sur l’influence en France des « études de genre ». Une demande soutenue par 60 à 70 députés, selon M. Breton. « Il ne s’agit pas pour nous de nier la notion de genre, mais l’utilisation idéologique qui en est faite par une minorité politique qui trouve des relais dans le monde associatif et les organisations internationales. » En 2012, une fronde contre l’instauration de ce thème dans les programmes de Sciences de la vie et de la terre (SVT) au lycée avait débouché sur une pétition signée par 80 députés.

M. Vial, qui travaille en lien avec M. Breton, énumère les initiatives qui inquiètent dans ses rangs : « Beaucoup de thèses sont désormais soutenues sur ce thème à l’université. Sciences Po a inauguré une chaire sur la question, l’ancien ministre de l’éducation, Luc Chatel, a introduit cet enseignement dans les programmes de SVT au lycée, l’actuelle ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-Balkacem, défend les crèches ‘neutres’… »

« Fantasme », estime Bruno Perreau, membre du comité scientifique de « Presage », le programme sur le genre à Sciences Po. « Les adversaires de la théorie du genre imaginent des ennemis dont le projet serait d’abolir – mais par quels moyens ? – toutes les distinctions sociales, voire anatomiques, entre hommes et femmes. Ils adossent leur raisonnement à un discours nationaliste, les ‘gender studies’ venant des Etats-Unis, explique-t-il. S’il existe en France un faisceau de chercheurs qui incorporent le genre dans leurs travaux, la théorie du genre n’existe, elle, que dans la tête des opposants à l’égalité des droits. Ils projettent sur les études de genre leur propre dogmatisme. » Au risque de dérapages.

Début avril, un site régional de la Manif pour tous a mis en ligne un « texte de fond » aux relents racistes, intitulé L’idéologie du genre : une anthropologie destructrice, qui « s’attaque à la famille, comme tous les totalitarismes ». Le texte émanait de la fondation d’extrême droite, Polémia.

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