Dans moins d’un mois, du 13 au 16 juillet 2015, se tiendra à Addis-Abeba en Ethiopie la conférence internationale sur le financement du développement. Des chefs d’Etat et ministres du monde entier y sont attendus pour définir les modalités de financement des objectifs de développement durable (ODD), destinés à répondre aux besoins des populations les plus pauvres dans les quinze prochaines années.
Nous, parlementaires de tous bords politiques, estimons que la France doit assurer la réussite de cette conférence et des deux qui suivront tout aussi importantes : celle de New-York sur les ODD et celle de Paris contre le changement climatique. La France doit montrer son ambition dans la lutte contre l’extrême pauvreté, la réduction des inégalités et la lutte contre le changement climatique. Nous considérons que cela passe tout particulièrement par l’allocation de crédits plus importants à l’aide publique au développement dans le budget 2016, budget discuté en ce moment-même au sein des ministères et à l’Elysée.
Les déséquilibres sociaux et économiques poussent chaque jour plus de personnes à échapper à leur sort. Des situations dramatiques auxquelles s’ajoutent les crises humanitaires, les grandes pandémies, les catastrophes naturelles, les menaces liées au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité qui touchent d’abord les pays et les populations les plus vulnérables.
Ces tragédies nous concernent tous. La réponse globale réside plus que jamais dans la solidarité, la justice et la responsabilité des pays les plus riches notamment. Les politiques nationales et mondiales de redistribution doivent être renforcées afin que les richesses – qui existent et croissent – puissent bénéficier au plus grand nombre, plutôt qu’à une minorité. L’aide publique au développement est incontestablement l’un des moyens de donner corps à cette politique redistributive de lutte contre la pauvreté.
Pourtant, contrairement à son engagement de consacrer 0,7 % de son revenu national brut à l’aide publique au développement dès 2015, la France ne lui en a consacré, en 2014, que 0,36 %. Les choix budgétaires décidés sous le mandat de François Hollande ramènent la France plus de dix ans en arrière en matière d’investissement dans cette politique publique cruciale. Le fossé se creuse entre les discours de solidarité internationale du gouvernement français et les moyens alloués à l’aide au développement. Aujourd’hui, les autorités françaises repoussent d’ailleurs l’engagement des 0,7 % à 2030 et refusent de se fixer un calendrier contraignant pour atteindre cet objectif.
Doit-on en conclure que la France choisit de tourner le dos aux populations les plus vulnérables ? La France ne peut pas tout, toute seule. Mais elle peut tout de même beaucoup plus.
D’abord, la France peut accroître la part du budget national consacrée à l’aide publique au développement et doit le décider dès maintenant. A ce titre, les arbitrages budgétaires, qui se font en ce moment-même au sein des ministères et à l’Elysée, sont cruciaux. Nous, parlementaires, souhaitons que le projet de loi de finances pour 2016 acte une augmentation de l’aide publique au développement de la France, avec l’objectif de reprendre une trajectoire ascendante vers les 0,7%, comme le Président de la République l’avait annoncé, deux ans plus tôt.
Ensuite, la France peut soutenir davantage la mise en œuvre de financements innovants. Nous, parlementaires, attendons du gouvernement qu’il s’engage pleinement dans la mise en place de nouvelles sources de financements publics additionnels au budget de l’aide publique au développement. Les financements innovants pour le développement, tels que la taxe sur les transactions financières et la taxe sur les billets d’avions, constituent aujourd’hui le moyen le plus prometteur pour donner une nouvelle dimension à l’aide internationale et répondre aux nouveaux enjeux du développement durable
Enfin, la France peut faire plus pour répondre aux besoins des plus vulnérables. A ce jour, seul un quart de l’aide déboursée par la France est réellement affectée aux pays les moins avancés. Nous, parlementaires, avons usé de notre droit d’amendement lors du dernier exercice budgétaire afin de recentrer l’aide publique au développement vers les populations les plus vulnérables. Cette année, lorsque le projet de loi de finances nous sera présenté, nous poursuivrons notre mobilisation dans ce sens en exigeant que la moitié des crédits budgétaires d’aide au développement soit allouée aux pays les moins avancés. L’aide française se doit d’être la plus efficace possible pour servir son objectif premier : soutenir le développement des pays les plus pauvres.
La nécessité de soutenir l’émergence d’Etats de droit, de sociétés civiles, de sociétés pacifiques, de répondre aux enjeux globaux de développement tels que la santé, l’éducation, l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire et nutritionnelle ou l’adaptation au changement climatique requière plus que jamais un financement public accru. La France doit relever le défi, non plus seulement en mots, mais en y mettant les moyens, dès 2016.
Par Danielle Auroi (Europe Ecologie Les Verts), Pouria Amirshahi (Socialiste, Républicain et Citoyen), Philippe Vitel (Les Républicains), François Asensi (Gauche Démocrate et Républicaine), Michel Terrot (Les Républicains), Cécile Duflot (EELV), Joël Giraud (RRDP), Jean-François Mancel (Les Républicains), Jean-Marie Tétart (Les Républicains), Pascal Terrasse (Socialiste, Républicain et Citoyen), Fanélie Carrey-Conte (Socialiste, Républicain et Citoyen), Pascal Cherki (Socialiste, Républicain et Citoyen), André Schneider (Les Républicains), Eric Alauzet (Europe Ecologie Les Verts), Virginie Duby-Muller (Les Républicains), Marie-Christine Blandin (Europe Ecologie Les Verts), Philippe Gosselin (Les Républicains).
http://www.huffingtonpost.fr/danielle-auroi/budget-aide-au-developpement_b_7653994.htm
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