Discours au nom du groupe Les Républicains en réponse à la déclaration de politique générale du Premier Ministre

Discours au nom du groupe Les Républicains en réponse à la déclaration de politique générale du Premier Ministre

Discours au nom du groupe Les Républicains en réponse à la déclaration de politique générale du Premier Ministre 750 426 Virginie DUBY-MULLER

 

Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes chers collègues,

Monsieur le Premier Ministre, je ne peux mettre en cause ni votre sincérité, ni votre volonté de bien faire. Mais ce nouveau discours de politique générale, cette soi-disant reprise en main de Matignon, ce pseudo acte II de votre quinquennat, fait surtout office d’un cache-misère un peu réchauffé, sans aucune piste de financement.

Réchauffé, car rien ne justifiait vraiment ce discours. Vous n’avez pas remanié votre Gouvernement, et vous n’avez pas été renommé par le Président de la République.
Réchauffé, car rien n’a vraiment changé, et les exercices de stand-up et d’autosatisfaction se poursuivent inlassablement.

Aujourd’hui, vous avez voulu surfer sur les résultats des élections européennes, que vous auriez bien tort de considérer comme un succès pour votre camp.

La réalité, hélas est beaucoup moins rose que vous ne voulez nous la présenter.
La réalité c’est que vous ne parvenez pas à redresser le pays, et que vous avez profondément divisé les Français.
La réalité, c’est que l’élection d’Emmanuel Macron avait fait naître, incontestablement, un espoir chez les Français. Mais ces derniers sont passés de l’espoir au doute, puis du doute à la déception.
La réalité, c’est que l’enthousiasme originel suscité à vos débuts a été douché depuis deux ans. Douché par votre politique fiscale injuste et brutale, douchés par les sidérantes révélations de l’affaire Benalla, douché par une arrogance et un mépris dont votre majorité n’aura jamais pu se départir, douché enfin et surtout par une crise sociale qui a fracturé profondément notre pays, et dont vous êtes comptables aujourd’hui.

Lors de votre premier discours de politique générale, en juin 2017, vous aviez sans conteste l’ambition résolue et vaillante d’un chef de Gouvernement qui désirait réformer le pays, mais qui voulait également exister face à un Président Jupitérien qui venait de l’éclipser en convoquant le Congrès à Versailles.

Vous sembliez animé des meilleures intentions et décidé à en finir avec les désastreuses années Hollande. Vous aviez gagné les élections, et votre légitimité était incontestable. Ou plutôt, et il est intéressant de le préciser dans votre cas, monsieur le Premier Ministre, vous les aviez gagnées … juste après les avoir perdues !

A ce moment-là, nous ne pouvions présumer de ce que serait votre mandat, et c’est pour cela qu’une majorité des députés LR avaient fait le choix d’une abstention vigilante, plutôt que de refuser totalement la confiance que vous nous demandiez en juin 2017. Nous n’avions pas été élus sur le même programme que la majorité, nous ne partagions pas la même vision pour la France, mais nous espérions que, sur certains sujets, nous pourrions nous retrouver.

*

Deux ans plus tard, nous pouvons faire le bilan de votre action, et nous ne pouvons le cautionner.

Car la réalité, c’est que vous avez confondu la transformation avec la communication. Vos réformes ont tardé à venir, et nous avons fait peu à peu l’amer constat du décalage systématique entre les paroles et les actes. Décalage permanent entre, d’un coté, le volontarisme et l’ambition réformatrice de vos discours, et de l’autre la réalité très décevante de vos actions et de vos mesures.

Si Emmanuel Macron faisait vraiment une réforme à chaque fois qu’il annonçait une réforme, il serait sans doute l’un des plus grands réformateurs de la Vème République. Il est hélas très très loin de ça… C’est un brillant story-teller, c’est un formidable communiquant, c’est en revanche un piètre réformateur !

Prenons quelques instants pour faire le bilan de vos 2 premières années de mandat
Monsieur le Premier Ministre, la première loi d’un mandat est toujours extrêmement riche d’enseignements. Elle dit tout de l’ambition d’une majorité. Elle permet de donner le ton du quinquennat, de porter une vision pour la France, d’insuffler une dynamique.
Ce fut le cas en 2007 avec la loi dite « Tepa » du « travailler plus pour gagner plus » de N. Sarkozy, qui a permis de défiscaliser les heures supplémentaires, valorisant ainsi le travail et le mérite.
Ce fut également le cas en 2012 avec la réforme fiscale du « mon ennemi c’est la finance » de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, pour mettre en place une politique égalitariste dogmatique.
Mais vous, Monsieur le Premier Ministre votre première loi fut extrêmement révélatrice de votre sens des priorités pour notre pays.
Votre première loi ne fut pas un collectif budgétaire pour baisser les impôts, revaloriser le travail ou rétablir les finances publiques.
Ce ne fut pas non plus une grande réforme structurelle pour améliorer la compétitivité des entreprises.
Ce ne fut pas non plus une grande loi sociale, pour défendre le fameux « progrès » dont vous nous parlez sans cesse, sans jamais vraiment nous expliquer du reste de quel progrès il s’agit.
Votre première loi ne consista pas non plus à lutter puissamment contre le réchauffement climatique, et pour la préservation de notre environnement, que vous érigez subitement en priorité des priorités… Poussés avant tout, on l’aura compris, par les circonstances majoritairement électorales, plutôt que par de profondes convictions.

Et bien non, votre première loi fut plutôt consacrée à satisfaire une partie de l’opinion publique en stigmatisant les élus, et en supprimant la réserve parlementaire, qui permettait aux députés d’épauler les projets et les associations.

Au lieu de s’attaquer aux difficultés profondes et nombreuses de nos concitoyens, au lieu d’essayer de rendre notre pays plus juste, plus écologique, plus compétitif, plus apaisé, vous avez choisi de jeter quelques élus en pâture par pure démagogie, pour vous offrir une popularité à peu de frais.

Cet épisode en disait long, et la suite des évènements ne nous a pas rassuré…

*

Ensuite, plutôt que de vous attaquer à l’excès de dépenses publiques en menant des réformes structurelles ambitieuses, vous avez fait des économies de bout de chandelles extrêmement injustes en rabotant de 5€ les APL au détriment des plus modestes, en réduisant la prestation d’accueil du jeune enfant au détriment des familles.

Au lieu de défendre une fiscalité plus juste et plus supportable en baissant les impôts, vous avez augmenté comme jamais la CSG payée par les retraités, avant de leur faire boire le calice jusqu’à la lie en désindexant leurs pensions de retraite de l’inflation, une première depuis 1945 !

Au lieu de défendre une écologie juste et positive, vous avez durement attaqué et stigmatisé tous ceux qui n’ont d’autres alternatives à la voiture, et en particulier les ruraux et les péri-urbains, avec une hausse impossible à supporter de la fiscalité sur les carburants.

Bref au lieu d’être le Gouvernement du pouvoir d’achat des Français, vous avez préféré le diminuer de 4,5 milliards d’euros après votre première année de quinquennat.

Vous vouliez restaurer l’autorité de l’État, mais celle-ci n’a cessé d’être bafoué par les casseurs qui ont pris en otage le mouvement des gilets jaunes, et créé le chaos semaine après semaine. C’est sûr qu’entre un Ministre de l’Intérieur qui qualifie la prison de « criminogène » et un objectif de construction de prisons réduit de moitié par rapport à l’objectif de campagne, c’est mal parti pour lutter contre l’insécurité !

Vous vouliez mieux contrôler nos frontières mais vous avez délivré un nombre record de titres de séjours en 2018. En deux ans l’immigration légale a bondi de 11% et ce rythme devrait continuer de croitre, de même que celui des demandes d’asile sont en nette augmentation.

Vous prôniez une république exemplaire, aussitôt mise à mal par l’attitude de l’Élysée vis-à-vis de Monsieur Benalla. Ces « qu’ils viennent me chercher » bravaches étaient particulièrement ridicules. Déjà, en tout début de quinquennat, le Président avait limogé par pur orgueil le général de Villiers, pourtant lui exemplaire. Emmanuel Macron disait refuser une « République des fusibles », mais pour sauver Monsieur Castaner, il n’a pas hésité à sacrifier le préfet Delpuech, dont le seul tort était de suivre les consignes de l’exécutif.

Enfin, au lieu de défendre et de promouvoir les territoires, vous avez été un gouvernement particulièrement centralisateur. Cette politique imposée de Paris a trouvé son paroxysme avec l’obligation uniforme de l’application des 80 km/h.

Vous nous parliez de pacte girondin et vous avez finalement mené jusqu’à présent une politique re-centralisatrice.

Vous semblez vouloir évoluer sur le sujet, mais nous vous jugerons aux actes monsieur le Premier Ministre, à la fois sur la réalité de votre loi de décentralisation mais aussi sur le charcutage électoral que vous nous préparez. Si vous maintenez la proportionnelle et que vous éloignez les électeurs de leurs représentants dans des circonscriptions à taille totalement inhumaine, alors vous vous obstinerez dans une politique recentralisatrice et jacobine.

*

Le bilan de vos 2 premières années est donc, vous en conviendrez à ce stade, plus que contestable et nous empêche de voter la confiance…

Bien évidemment, nous espérons votre succès pour les 3 prochaines années, car il serait le succès de la France. Mais c’est de notre devoir d’opposants de vous alerter quand votre politique ne sert ni la grandeur de la France, ni le bonheur des Français.

A cet égard, n’allez pas croire que nous rejetons en bloc et par principe toutes vos lois, toutes vos mesures. C’est une accusation extrêmement simpliste et totalement mensongère qui ne résiste pas à l’examen des faits, et dans laquelle nous ne pouvons accepter de nous voir enfermés.

Si nous ne partageons pas votre vision pour notre pays, si nous avons des divergences réelles et profondes concernant votre politique, nous savons parfaitement nous montrer constructifs et voter vos mesures qui vont dans le bon sens ou dont nous partageons l’objectif.

Certaines de vos propositions étaient judicieuses, et nous saluons le travail de plusieurs de vos ministres dont nous reconnaissons l’expertise technique.

Ainsi, nous avons voté la loi travail, nous avons voté votre loi sur l’évolution du statut de la SNCF, nous avons voté votre loi de lutte contre les violences sexuelles, nous avons voté votre loi pour protéger davantage les données personnelles de nos concitoyens, nous avons voté la loi anti-casseurs, nous avons voté votre loi de lutte contre la fraude fiscale, et bien d’autres projets portés par votre majorité.

Si vous prenez le total des projets et propositions de lois examinés par notre assemblée depuis le début de cette législature, vous constaterez que nous avons voté 41% de vos textes de loi. Nous avons rejeté 26% de vos textes et nous sommes abstenus sur 33% d’entre eux. Toutes ces lois ne sont évidemment pas de la même importance mais avouez que ces chiffres tordent le cou à beaucoup d’idées reçues…

De la même manière, durant les 3 prochaines années de la législature, nous continuerons de voter, sans états d’âme, l’ensemble des textes qui iront dans le bon sens.

Le procès en sectarisme que vous faites parfois aux députés des Républicains qui voteraient systématiquement contre les textes de loi du Gouvernement, voire qui feraient de l’obstruction parlementaire, est donc absolument insupportable.

*

Pour autant, nous sommes dans l’opposition. Et cela devrait vous inspirer le respect, car dans un grand pays démocratique, une majorité a besoin d’une opposition. Une opposition qui ne se laisse pas intimider par les menaces d’un de vos proches, qui fait grossièrement de certains de vos opposants des prétendus « ennemis de la République ».

Vous devriez également saisir la main que nous vous tendons. Or vous la refusez en refusant systématiquement l’ensemble des propositions de loi des Républicains. Vous les rejetez même quand ces textes s’avèrent trans-partisans et s’attaquent à des sujets concrets qui devraient nous réunir.

A titre d’exemple édifiant, votre rejet incompréhensible de la proposition de loi de notre collègue Aurélien Pradié qui visait à favoriser l’inclusion des élèves en situation de handicap. C’est un sujet majeur devant lequel nous aurions dû nous retrouver en bonne intelligence, dans l’intérêt de ces enfants et de leurs familles.

Monsieur le Premier Ministre, je connais votre goût du débat et votre respect du pluralisme. Vous savez que tout mandat repose sur un dialogue sain entre la majorité et son opposition, et que l’une se nourrit de l’autre.

De ce fait, il est incompréhensible que votre majorité ai eu recours, comme aucune autre majorité jusque-là, aux motions de procédures qui rejettent brutalement l’ensemble des propositions de loi de l’opposition, sans même permettre le moindre début de débat.
Voilà une drôle de conception de la démocratie et de ce nouveau monde, dont vous faites les chantres, mais qui serait finalement souvent pire que l’ancien.

Il n’y a donc pas, comme vous nous le faîte croire parfois, les gentils députés constructifs et responsables chez En Marche et les méchants députés de l’opposition chez les Républicains qui souhaitent l’échec de ce pays.

Le Président de la République et vous-même n’aimez visiblement pas le parlement, que vous voyez uniquement comme un gêneur, un contrepouvoir inutile à l’exécutif qui vous ferait perdre votre temps et qu’il faudrait mettre au pas.

Vous dénigrez souvent l’attitude de l’opposition, et en particulier celle des Républicains. Mais, le parlement, l’opposition, et en particulier les Républicains jouent quoi que vous puissiez en penser un rôle crucial.

Avec mes 103 collègues, nous sommes tout à la fois des lanceurs d’alerte et des garde-fous. Dédiés à notre mandat, nous sommes systématiquement force de propositions et sur bien des sujets, nous vous avons aidé à ne pas vous entêter dans l’erreur, nous vous avons conduit à faire des compromis, nous sommes parvenus à infléchir votre politique pour plus de justice.
Dès octobre 2017, quand aucun Français ne songeait encore à revêtir un gilet jaune, nous avons dénoncé votre trajectoire carbone affolante, qui allait provoquer une hausse des taxes sur les carburants, insoutenables pour des millions de nos compatriotes.
Pendant deux débats budgétaires, pendant des centaines d’heures au parlement, au cours de dizaines et de dizaine de séances de question d’actualité, nous vous avons répété que c’était une folie et qu’il vous fallait renoncer.

Finalement, après une obstination de tous les instants, et face à la pression de la rue, vous avez fini, penauds, par nous suivre en abandonnant ces hausses de taxes sur les carburants, et en gelant votre trajectoire carbone.

Dès octobre 2017, nous nous sommes également élevés contre la hausse sans précédent de la CSG que vous vouliez imposer aux retraités.

Là encore, vous vous êtes longtemps obstinés avant de revenir en partie dessus.

Le schéma est invariablement le même.

Acte I : nous vous alertons sur les conséquences dangereuses d’une de vos mesures.
Acte 2 : vous faites la sourde oreille, et vous rejetez toutes nos remarques avec obstination. Vous êtes certainement « trop intelligent », comme n’a pas hésité à l’affirmé Monsieur Le Gendre.
Et pour finir, Acte 3 : vous reconnaissez enfin qu’il y a un problème, et vous suivez nos préconisations, mais trop tard et trop partiellement.
Sur les 80km/h, nous n’avons cessé de vous convaincre de renoncer, et vous venez de les aménager sans aller jusqu’au bout de la démarche.
Quant à la fin de la désindexation des retraites que nous critiquions à juste titre, vous avez fini par l’abandonner mais seulement en partie.
Enfin, sur le rétablissement des heures défiscalisées et la baisse de l’impôt sur le revenu que nous réclamons depuis juin 2017, vous nous avez ri au nez, avant finalement de proposer à votre tour des heures supp en partie défiscalisées, et un début de baisse de l’impôt sur le revenu.

Comme vous le voyez, notre rôle de parlementaire d’opposition n’est finalement pas si vain ! Et vous ne pouvez nier notre sens de l’intérêt général. Vous avez souvent fini par nous écouter. Et si vous ne l’aviez pas fait si tard, vous auriez sans doute pu éviter une crise sociale de cette ampleur.

Alors, monsieur le Premier Ministre, à l’avenir, n’hésitez pas à nous écouter. Nos propositions sont sur la table, et nous sommes constamment au travail.

*

Monsieur le Premier Ministre, vous faîtes souvent le bon diagnostic des handicaps et des maux dont souffre notre pays. C’est un début. Hélas vous ne prescrivez pas le bon remède, ou vous ne prescrivez pas de remèdes du tout.

Vous semblez conscient du poids insupportable des taxes et des impôts qui étranglent nos compatriotes mais vous les augmentez toujours plus. Songez que depuis votre arrivée au pouvoir le taux de prélèvements obligatoires atteint un record historique à 45,3% du PIB. Les entreprises et les ménages payent désormais plus de 1000 milliards d’euros d’impôts, taxes ou cotisations par an.

Vous êtes conscient du péril que font peser les déficits et l’excès de dépenses publiques, mais depuis votre arrivée au pouvoir, la dépense publique continue d’augmenter, et la dette progresse au point de frôler les 100% de la richesse nationale. Quant à notre déficit, il est l’un des pires de la zone Euro et il va se creuser en 2019 pour la première fois depuis 10 ans.

Sur ce sujet de la responsabilité budgétaire, votre Gouvernement a renié tout ses engagements et promesses de campagne. Vous avez abandonné tout vos objectifs. Vous êtes pourtant conscients du retard de compétitivité dont souffrent nos entreprises, mais vous n’engagez pas les réformes structurelles indispensables pour relancer leurs marges de manoeuvre.

A ce titre, quelques chiffres sont particulièrement parlant :
Depuis 2017, la croissance a reculé de 39% ;
La production française ralentit de plus de 30% entre 2017 et 2018 ;
Les créations d’emplois ont été divisées par deux ;
Le chômage a baissé de seulement 0,7 point depuis le début de votre action, contre 1,3% dans la zone euro sur la même période.

Convenez que votre bilan n’est pas glorieux.
Aussi,
Considérant le piètre bilan des deux premières années de votre mandat ;
Considérant votre sectarisme vis-à-vis de l’opposition et votre refus de nous écouter;
Considérant votre discours qui ne nous a pas rassuré ;
Considérant les risques que font peser les réformes que vous nous préparez …

Nous ne voterons pas la confiance que vous nous demandez. Je souhaitais d’ailleurs rappeler à cet hémicycle l’origine du mot confiance, puisque nous parlons aujourd’hui d’un vote de confiance.

Dans son analyse étymologique, le verbe confidere ne renvoie pas à l’idée de donner sa confiance, aveuglément, par discipline, avec des œillères, au nom du parti unique. Mais le verbe confidere renvoi bien au contraire à l’idée de demander quelque chose à quelqu’un, espérant en retour une assistance solide. La confiance commence donc d’abord par celui qui demande.

*

Pour autant, projetons-nous sur cette deuxième partie de votre quinquennat, que nous vous souhaitons aussi réussie que vos deux premières années étaient ratées.

Monsieur le Premier ministre, la pire des solutions serait de ne plus rien faire et d’abandonner toutes velléités de réformes. Au contraire, il s’agit désormais de vraiment réformer, et non plus de vous contenter d’annoncer des réformes. Le temps presse, le temps du quinquennat est compté.

Nous vous attendons sur une grande loi de décentralisation pour redonner des pouvoirs de décisions aux acteurs de territoire.
Nous vous attendons sur une réforme courageuse des retraites, sur laquelle nous n’accepterons pas l’enfumage que vous déployez. Les Français doivent savoir en toute transparence à quel âge et à quel taux ils pourront partir en retraite.
Nous vous attendons sur une politique de baisse ambitieuse des dépenses publiques, seule moyen de baisser fortement et durablement les impôts qui pèsent sur nos compatriotes, et en particulier sur les classes moyennes pour lesquels le mérite et l’effort doivent payer. A ce titre, nous sommes la seule formation politique à avoir mis sur la table des propositions pour faire en un an 20 milliards d’euros d’économies et pour en consacrer la moitié à des baisses d’impôts.
Nous attendons de votre part une grande fermeté en matière d’immigration.
Enfin, nous vous attendons sur le sujet de la laïcité.

*

Je voudrais terminer par une adresse solennelle à propos des risques majeurs que fait peser la réforme constitutionnelle que vous venez de nous présenter.

Outre le fait qu’elle ne soit en rien une priorité pour nos compatriotes, cette réforme n’a d’autres ambitions que de satisfaire un caprice présidentiel, dans l’air du temps.

La proportionnelle que vous appelez de vos vœux est un poison terriblement corrosif, d’autant plus redoutable qu’il est corrélé à une réduction du nombre de parlementaires qui va créer des circonscriptions gigantesques. Les électeurs ne pourront plus connaitre et solliciter leurs députés.

Cette double réforme, qui n’est d’ailleurs pas présentée dans le volet constitutionnel de votre paquet global, risque de déstabiliser l’équilibre des pouvoirs hérité de la Vème, en affaiblissant le parlement.

Enfin et surtout, elle consacre le pouvoir des partis, des appareils politiques, au détriment des territoires desquels les élus devraient pouvoir tirer leur légitimité.

Vous êtes en train de nous préparer une assemblée ou il y aura demain deux catégories de députés :
Nous aurons d’un côté ceux qui auront été élus dans une circonscription grâce à une ancrage territorial, une connaissance de leurs électeurs et du terrain.
Nous aurons de l’autre des députés hors sols, inféodés à leur parti et dont ils seront éternellement redevables quitte à accepter d’être caporalisés.

Quand on voit la façon dont vous avez mis les députés de votre majorité au pas. Quand on voit les pressions et le chantage auquel vous n’hésitez pas à recourir pour arrimer les élus locaux à votre cause, il y a de quoi être inquiet concernant l’allégeance à l’exécutif de la future chambre…

Nous ne voterons donc pas la confiance mais nous avons, soyez en sûr, la France comme idéal et le Parlement comme bien commun !

Je vous remercie.

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