Pourquoi le projet de scission d’EDF est une erreur ? (Les Échos)

Pourquoi le projet de scission d’EDF est une erreur ? (Les Échos)

Pourquoi le projet de scission d’EDF est une erreur ? (Les Échos) 275 46 Virginie DUBY-MULLER

Couper l’entreprise en deux est d’une grande étrangeté, selon les députés Olivier Dassault, Daniel Fasquelle, Olivier Marleix, Eric Woerth et un collectif de députés LR. C’est ouvrir aux financements privés ce qui a le moins besoin d’argent, la distribution, et refermer sur un Etat prisonnier de ses contraintes budgétaires le nucléaire, qui a des besoins colossaux.

 

L’Europe se cherche des champions industriels. Cela tombe bien : la France a EDF, deuxième producteur d’électricité au monde derrière le chinois China Guodian Corp. Hormis le régime de retraite des électriciens, EDF est une bénédiction pour la France : elle lui apporte une indépendance énergétique improbable pour un pays aux faibles ressources fossiles, une électricité parmi les moins chères en Europe (près de deux fois moins qu’en Allemagne), ce qui profite aux citoyens et aux entreprises, et enfin, grâce à la combinaison nucléaire/hydraulique, une émission de CO2 par habitant parmi les plus faibles des pays développés (moitié moins que l’Allemagne).

En 2005, sous l’impulsion de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a transformé le vieil établissement public EDF en société anonyme

Ce « miracle EDF » n’est pas le fruit du hasard. Voulue par le général de Gaulle à la Libération pour donner au pays les moyens de sa reconstruction, l’entreprise a été soutenue par tous les gouvernements, et a su s’adapter. En 2005, sous l’impulsion de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a transformé le vieil établissement public EDF en société anonyme, permettant d’ouvrir son capital et d’internationaliser l’entreprise devenue un acteur mondial présent en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.
EDF doit aujourd’hui relever de nombreux défis, principalement dans le nucléaire, qui absorbe la majeure partie de ses 15 milliards d’investissements annuels : la livraison des EPR, le grand carénage du parc nucléaire français. Elle doit aussi assurer sa compétitivité et relever les défis de l’avenir : le stockage de l’énergie, la réutilisation des déchets nucléaires, les microcentrales, au service du développement en Afrique notamment.
Rêve de financier ou projet industriel ?
C’est le moment qu’a choisi le gouvernement pour imposer une étrange réforme qui coupe l’entreprise en deux. D’un côté, « EDF Bleu » (le nucléaire, les barrages, RTE), de l’autre, « EDF Vert » (la distribution, les services, le renouvelable). Bleu serait renationalisé dans un cocorico trompeur, Vert, qui lui a tout pour plaire, ouvert au marché à 35 %.
La grande étrangeté de ce qui ressemble plus à un rêve de financiers qu’à un véritable projet industriel, c’est d’ouvrir aux financements privés ce qui a le moins besoin d’argent, et de refermer sur un Etat prisonnier de ses contraintes budgétaires Bleu, qui a des besoins colossaux. D’entrée de jeu, un modèle économique qui ne repose pour Bleu que sur le prix de revente administré de l’électricité ne fonctionne pas, et il est dangereux de faire le pari que, sous ce nouveau schéma, la Commission européenne relâchera suffisamment la contrainte sur les prix.

Quelle est la stratégie de l’Etat pour Bleu, le coeur d’EDF : structure de défaisance condamnée à un lent déclin ou outil de conquête de nouveaux marchés ? Qui gardera la dette ? Qui portera la R & D ? Si EDF a des besoins capitalistiques, rien n’empêche l’Etat d’autoriser une augmentation de capital, quitte à diluer sa part prépondérante (83,7 % au 30 juin 2019).
La force d’EDF, c’est son intégration, formidable outil au service de la transition énergétique. Pourquoi la mettre à mal ? Pourquoi ce projet est-il celui du gouvernement et non celui de l’entreprise ? Quels intérêts sert cette scission ? Ni ceux de l’Etat, qui a bénéficié en 2018 de près de 600 millions d’euros de dividendes, ni ceux des clients particuliers pour qui l’énergie est un service public, ni ceux des entreprises pour qui le prix de l’énergie reste un enjeu crucial de compétitivité.
Eric Woerth, Olivier Marleix, Olivier Dassault, Daniel Fasquelle, Patrick Hetzel, Nicolas Forissier, Claude Goasguen, Didier Quentin, Gilles Lurton, François Cornut-Gentille, Virginie Duby-Muller, Damien Abad, Raphaël Schellenberger, Aurélien Pradié, Patrice Verchère, Laurent Furst, Jean-Pierre Door, Julien Dive, Mansour Kamardine, Jean-Claude Bouchet, Emmanuel Maquet, Fabrice Brun, Valérie Beauvais, Frédérique Meunier, Jean Jacques Gaultier, Jean-Yves Bony, Michel Herbillon, Jean-Luc Reitzer, Vincent Descoeur, Eric Diard, Jean-François Parigi, Eric Ciotti, Guillaume Peltier, Annie Genevard, Nadia Ramassamy, Marie-Christine Dalloz, Valérie Lacroute, Bérengère Poletti, Frédéric Reiss, Charles de la Verpillière, Josiane Corneloup et Gilles Carrez.

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