Bilan du Projet de loi de finances pour 2017

Bilan du Projet de loi de finances pour 2017

Bilan du Projet de loi de finances pour 2017 641 914 Virginie DUBY-MULLER

( *Source : note de conjoncture – Gilles CARREZ – Président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale )

La prévision de 2,7% retenue par le Gouvernement est aujourd’hui largement contestée (notamment par la Commission européenne et le Haut Conseil des Finances Publiques) pour plusieurs raisons :

  • Cette hypothèse de croissance est trop optimiste: le taux de croissance de 1,5 %, est supĂ©rieur Ă  l’ensemble des anticipations des organisations internationales !
  • Nous assistons Ă  une forte croissance des dĂ©penses publiques dans le projet de loi de finances, avec une hausse de la dĂ©pense en valeur de 1,6 % en 2017 (alors qu’elle Ă©tait encore estimĂ©e Ă  1,1% dans le Programme de stabilitĂ©) et ce malgrĂ© de nombreuses sous-budgĂ©tisations ( sous-budgĂ©tisations rĂ©currentes observĂ©es au cours des annĂ©es passĂ©es au sein du budget de l’État -2,5Md€- ; recapitalisation d’Areva par l’État -2,5Md€ ; la sous-estimation des dĂ©penses de l’Assurance maladie -0,5Md€- ; la sous-estimation des dĂ©penses de l’UnĂ©dic -1,5Md€- )
  • Nous subissons enfin des dĂ©penses nouvelles engagĂ©es par l’exĂ©cutif depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, qui entreront en vigueur en annĂ©e pleine dès 2017, Ă  hauteur d’environ 10 milliards d’euros (plan emploi, revalorisation du point d’indice dans la fonction publique…).

Considérant ces aléas, le déficit budgétaire réel devrait se situer aux alentours de 3,5% du PIB en 2017.

Plusieurs constats s’imposent donc :

Premièrement, la prochaine majorité héritera d’une situation budgétaire dégradée, à la fois en 2017 et en 2018.

  • L’ensemble des mesures de baisses d’impĂ´ts auront un effet diffĂ©rĂ© de l’ordre de 6Md€ sur le solde 2018, avec notamment la hausse du CICE, dont l’incidence sur le dĂ©ficit maastrichien est comptabilisĂ©e en N+1 (1,6Md€) ; le nouveau crĂ©dit d’impĂ´t pour l’emploi d’un salariĂ© Ă  domicile (qui remplace une rĂ©duction d’impĂ´t) pour 1,1Md€ ; la prolongation du crĂ©dit d’impĂ´t pour la transition Ă©nergĂ©tique et son possible cumul avec l’éco-PTZ (1,7Md€) ; le nouveau crĂ©dit d’impĂ´t pour l’économie sociale et solidaire (0,45Md€) ; enfin, une nouvelle tranche de baisse d’IS programmĂ©e en 2018 pour 1,1Md€.
  • Le Gouvernement a actionnĂ© des mesures de trĂ©sorerie qui amĂ©liorent artificiellement et momentanĂ©ment les comptes 2017, mais qui dĂ©graderont d’autant 2018 (5,5Md€) : c’est le cas avec la rĂ©duction du solde grâce Ă  une recette exceptionnelle de 4,3Md€ par une rebudgĂ©tisation d’un compte de soutien aux exportations ; c’est aussi le cas avec les mesures d’avance de trĂ©sorerie sur 2017 de la part des entreprises (1,2Md€).
  • En terme de dĂ©penses, beaucoup de mesures programmĂ©es et annoncĂ©es n’auront un effet sur le dĂ©ficit qu’à partir de 2018. Ainsi, le 3ème programme d’investissement d’avenir nĂ©cessitera environ 2Md€ de dĂ©caissements par an Ă  partir de 2018 ; le programme de constructions de nouvelles places de prison coutera 2 Md€ sur plusieurs annĂ©es) ; la rĂ©forme des grilles et la transformation de quelques primes en point d’indice prĂ©vues dans le cadre de la nĂ©gociation « PPCR » prĂ©sente un coĂ»t estimĂ© par la Cour des Comptes Ă  4,5 Ă  5Md€ pour l’ensemble de la fonction publique Ă  l’horizon 2020 ; les programmes très haut dĂ©bit sont aussi uniquement financĂ©s avec des autorisations d’engagement ;

Considérant ces aléas qui devraient représenter, là encore, environ 1 point de PIB, le déficit budgétaire devrait se situer aux alentours de 4,5% du PIB en 2018 à politique inchangée.

 

 

 

Deuxièmement, le Gouvernement a imposé une politique fiscale guidée par l’idéologie et néfaste aux entreprises :

  • L’AssemblĂ©e nationale a introduit plusieurs articles qui pĂ©nalisent l’attractivitĂ© et la compĂ©titivitĂ© de notre pays : c’est notamment le cas avec la remise en cause du rĂ©gime fiscal et social des actions gratuites, qui rĂ©sultait de la loi dite Macron, sans qu’aucun bilan n’ait encore Ă©tĂ© dressĂ©.
  • La rĂ©duction proportionnelle de l’impĂ´t sur le revenu, en faveur de 7 millions de foyers fiscaux, pour un coĂ»t de 1 milliard d’euros vient encore compliquer l’impĂ´t et brouiller la lisibilitĂ© du barème. Surtout, l’impĂ´t se concentre sur un nombre toujours plus rĂ©duit de contribuables (moins de 45% de foyers fiscaux en 2017).
  • Les prorogations de crĂ©dits d’impĂ´t se font la plupart du temps sans Ă©valuation, comme pour le crĂ©dit d’impĂ´t pour la transition Ă©nergĂ©tique, le CITE, alors que la Cour des comptes vient de rappeler les limites de ces dĂ©penses fiscales en faveur du dĂ©veloppement durable.

En conclusion, la majorité gouvernementale issue des élections de 2017 verra ses marges de manœuvre considérablement réduites, beaucoup plus qu’en 1986, 1993 ou même 2002. Aussi bien d’un point de vue budgétaire que fiscal, cet héritage sera très pesant.

 

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