La commission des Affaires culturelles et de l’Éducation a procèdé à l’audition, sous forme d’une table ronde sur l’avenir du cinéma européen, conjointe avec la commission des Affaires européennes, de :
– M. Michel Hazanavicius, co-président la société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP),
– M. Frédéric Goldsmith, délégué général de l’Union des producteurs de cinéma (UPC),
– Mme Carole Scotta, présidente des Distributeurs indépendants réunis européens (DIRE),
– M. Yvon Thiec, directeur général d’Eurocinéma,
Virginie DUBY-MULLER Cette table ronde fait suite aux auditions de la mission d’information de nos collègues Marietta Karamanli et Rudy Salles, relative au financement européen du cinéma, activité importante pour l’image de la France, sa création artistique, son économie et l’aménagement de son territoire.
Lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2016, j’ai présenté un rapport sur les crédits du programme « Livre et industries culturelles » et choisi de traiter plus particulièrement du cinéma à l’heure du numérique. Le bilan est positif. Soutenue et fortement réglementée depuis l’après-guerre, la filière cinématographique reflète l’exception culturelle française. Le secteur français de l’exploitation fait d’ailleurs figure d’exception en Europe, avec un réseau de salles toujours dense et diversifié sur tout le territoire et des chiffres de fréquentation à un bon niveau, l’un des meilleurs à l’échelle européenne. C’est que la France peut s’enorgueillir de disposer d’un important réseau de salles : plus de 2 000 sont recensées, de toutes tailles, y compris en zones rurales. Elles se répartissent entre salles municipales et multiplexes, sans oublier ni les 1 116 salles d’art et d’essai, une particularité française, ni le réseau itinérant – il est très dense en Haute-Savoie.
Cependant, le développement des technologies numériques a bouleversé le secteur et, en quelques années, profondément modifié l’exploitation cinématographique, en accentuant la concurrence avec l’apparition de nouveaux canaux de diffusion et en transformant l’économie même du film. Comment valoriser l’exception française dans ce contexte ? Sur quels axes travailler au niveau européen ? Comment protéger l’industrie cinématographique nationale tout en construisant le cinéma européen ? Comment, aussi, mieux lutter contre le piratage ?
N’est-il pas temps, pour tenir compte de l’évolution du comportement du public, d’assouplir la chronologie des medias, ce que proposait déjà le rapport remis par Pierre Lescure en 2013 ?
La réforme du crédit d’impôt cinéma semble avoir permis d’inverser la courbe de la délocalisation des tournages de films. Toutefois, lors de son audition par la commission des Affaires économiques, en novembre dernier, la présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) parlait d’une « guerre fiscale » entre États européens pour attirer les tournages. Ressentez-vous cette compétition ? Si c’est le cas, ne faudrait-il pas agir pour y mettre un terme afin d’éviter qu’un pays voisin ne puisse toujours définir des conditions encore plus avantageuses que les nôtres ?
Enfin, si on la compare avec celle d’autres pays européens, l’offre légale sur internet est-elle, selon vous, suffisamment développée et accessible en France ?
Vous devez êtreconnecté pour poster un commentaire.