La discussion du projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergie renouvelable a imposé dans le débat public une vision étriquée de ce que sont les énergies renouvelables. Il s’agirait exclusivement du solaire et de l’éolien. Selon la vision dogmatique que l’écologie politique a progressivement imposée dans le débat public, pour être renouvelables, les énergies devraient donc être intermittentes, non stockables, diffuses et difficiles à mettre en œuvre, et le plus souvent maîtrisées par des industries étrangères. La rupture avec l’histoire énergétique de notre pays nous conduit forcément dans une impasse.
Alors que l’acceptabilité de l’impact environnemental, paysagé, tarifaire et en besoin de matières premières rares de l’énergie solaire ou éolienne peine à convaincre, elles sont érigées comme la définition exclusive du renouvelable.
Pourtant la France a une grande histoire avec une énergie puissante, renouvelable, souveraine : l’hydroélectricité. Totalement neutre en émission de gaz à effet de serre, stockable, pilotable, économe en matières rares, non délocalisable, gratuite, l’eau est de surcroît adaptée à notre réseau électrique existant et permet de grandes ambitions en optimisant les investissements. Le Mix français, voulu dès la reconstruction gaulliste de l’après-guerre, c’est le nucléaire et l’hydraulique. Ce n’est pas le gaz russe et le charbon combinés au vent de la mer du Nord de nos voisins Allemands. Pourquoi vouloir absolument rompre avec nos points forts pour copier une politique germanique qui a démontré son échec cuisant ? C’est la maitrise de l’énergie « eau » qui a sauvé notre électricité.
Alors que depuis 10 ans l’éolien et le solaire captent toute l’attention des gouvernements successifs sans faire la démonstration de leur capacité à répondre aux défis de sécurisation de notre approvisionnement, cet hiver, c’est l’énergie hydraulique qui a permis à la France de sauver son système, alors même que cette énergie est abandonnée depuis une décennie.
L’incapacité des gouvernants socialistes et macronistes, et autres « stratèges » faussement verdis, à imposer une vision française de la production d’électricité à l’Union Européenne nous a conduits à avoir l’hydraulique honteux. Pourtant des marges importantes de production d’énergie durable hydraulique existent.
La simple rénovation de nos barrages existants, dans lesquels les investissements sont en attente faute d’accord au niveau européen, permettrait à cette énergie de gagner 5% de production supplémentaire (soit une demi-tranche nucléaire). C’est majeur.
Le potentiel de développement de nouveaux ouvrages hydroélectriques est également très documenté. Il permettrait de gagner près de 15% de capacité de production (soit près de 2 tranches nucléaires). C’est majeur, là encore.
Enfin, certaines de nos installations pourraient être modernisées de façon conséquente en gagnant à la fois en productivité et en réduisant leur impact environnemental, à l’image du formidable chantier de Romanche-Gavet, en Isère, qui a permis un gain de productivité de 40%.
Un tel plan nécessite du courage politique. Celui d’affirmer que l’eau est une ressource essentielle pour la Nation. Que nous devons nous en occuper sérieusement. Qu’elle ne peut donc pas être dans le champ concurrentiel et qu’il n’y a aucune raison pour que nous soyons le seul pays européen à confier nos barrages à des entreprises étrangères. Car l’eau ne peut pas devenir un bien exclusif. Les enjeux environnementaux, d’aménagement du territoire, de sécurité d’approvisionnement pour les usages domestiques, agricoles, industriels et de navigation en font un bien précieux. Nous avons besoin de reprendre la main sur cette ressource, conformément à notre histoire nationale, plutôt que de disserter sur des technologies que nous ne maitrisons pas et que nous importons.
La France doit refuser fermement et définitivement la moindre perspective de mise en concurrence de ses barrages hydroélectriques, comme les injonctions répétées de la Commission européenne voudrait l’imposer. S’il y a bien un sujet sur lequel la parole de la France doit se faire entendre, c’est celui-ci. L’Union européenne doit abandonner cette perspective funeste et la Nation française protéger et développer son patrimoine énergétique d’avenir.
Sortons du dogmatisme et de la mode pour revenir à nos atouts. Nous avons besoin de retrouver du pragmatisme et de l’ambition, celle du progrès et de la disponibilité permanente, pour notre énergie. L’eau est un formidable moyen d’y parvenir en relevant, simultanément, de nombreux défis qui nous sont imposés par le changement climatique.
La France ne dispose ni de pétrole, ni de gaz sur son territoire. Tant mieux. Elle dispose de formidables paysages et d’un savoir-faire industriel d’innovation et de production majeur, qui nous offrent la puissance de l’hydroélectricité. Soyons-en fiers !
Signataires :
Aurélien Pradié, député du Lot
Raphaël Schellenberger, député du Haut-Rhin
Jean-Yves Bony, député du Cantal
Vincent Descœur, député du Cantal
Francis Dubois, député de Corrèze
Virginie Duby-Muller, députée de la Haute-Savoie
Vincent Rolland, député de la Savoie
Emmanuel Maquet, député de la Somme