A l’occasion de la journée de la femme, Virginie DUBY-MULLER a cosigné la tribune de Valérie Boyer avec 16 autres collègues députés (Marie-Christine Dalloz, Sophie Dion, Marianne Dubois, Marie-Louise Fort, Annie Genevard, Claude Greff, Arlette Grosskost, Françoise Guegot, Bérengère Poletti, Josette Pons, Sophie Rohfritsch, Claudine Schmid, Marie-Jo Zimmermann.)
source http://www.lejdd.fr/Politique/Journee-de-la-femme-Valerie-Boyer-veut-repenser-le-feminisme-721270
En ce 8 mars 2015, Journée Internationale de la Femme, l’heure est à la régression du statut des femmes dans notre pays.
En réformant les rythmes scolaires, en alourdissant le recours à l’emploi à domicile, en supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires, en promettant des créations de places en crèches (alors même que leur coût pèse sur les communes et la CAF), en réduisant le quotient familial; le gouvernement français multiplie les attaques à l’encontre des familles mais surtout des femmes qui travaillent. La France, pays des Lumières, n’est pas à l’abri d’une régression accélérée pour les femmes !
Mais ne nous contentons pas d’être fataliste, inventons et incarnons le féminisme du XXIe siècle afin que le combat de nos mères ne soit pas vain pour nous-même et nos filles comme nos fils.
Depuis plus de trois siècles, des femmes se sont battues pour leur émancipation. Elles ont lutté pour obtenir les mêmes droits que les hommes. Même Molière, en 1663, dans « l’école des Femmes » évoquait la condition féminine. Sa tirade satyrique d’Arnolphe à sa pupille Agnès, est éloquente :
« Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité :
L’une est moitié suprême et l’autre subalterne ;
L’une est toute soumise à l’autre qui gouverne ;… »
Après des années de non-droit, les femmes du XXe siècle ont obtenu des victoires importantes : l’obtention du droit de vote en 1944, le droit des femmes mariées à exercer une profession sans l’autorisation de leur mari en 1965, la loi Veil de 1975 sur l’Interruption Volontaire de Grossesse dont nous avons commémoré les 40 ans ou encore la loi Copé-Zimmermann de 2011 relative à la parité[1] dans les conseils d’administration. Pourtant, malgré ces évolutions, on constate aujourd’hui en France, une discrimination qui perdure. Celle de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.
En 2015, les écarts de rémunération peuvent atteindre 9% à 15%. De manière globale, les femmes gagnent 27% de moins que les hommes. D’ailleurs, il a été calculé que pour parvenir au même salaire, les femmes devraient travailler 3 mois de plus par an. Cet écart de salaire varie en fonction de l’âge des femmes, notamment chez les cadres, comme le démontre une étude récente de l’APEC[2], passant de 4,2 % chez les moins de 30 ans à 12,5 % chez les cadres de plus de 50 ans. D’autres études démontrent qu’il existe également des inégalités en matière de retraite. Les retraites des femmes vont continuer d’être inférieures à celle des hommes malgré des carrières de plus en plus longues.
En juillet 2014, dans son premier avis, le Comité de suivi des retraites s’est penché sur les inégalités entre hommes et femmes au moment de la retraite. Nous apprenons que les pensions versées aux femmes restent inférieures à celles que touchent les hommes : l’écart est de 42 % si on ne tient compte que des droits directs, et de 29 % si on inclut les droits dérivés (pensions de réversion, notamment).
C’est pourquoi, aujourd’hui, pour garantir une stricte égalité Homme / Femme dans le monde du travail, la France doit franchir trois étapes importantes.
La première est l’abolition des préjugés. En effet, les attitudes traditionnelles faisant de la femme un objet de soumission ou lui assignant un rôle stéréotypé, perpétuent l’usage des préjugés. Afin de franchir cette étape, notre société doit stopper la mise en exergue de l’assujettissement des femmes. Nous nous refusons de croire que, comme le disait Albert Einstein : « Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé ».
La deuxième, c’est la revalorisation des emplois à prédominance féminine. Nous avons pu constater que les caractéristiques du travail industriel féminisé étaient proches des tâches ménagères. Dans ce cadre, la femme est soumise à des tâches répétitives, courtes, à faible mobilité et à faible responsabilité. La non reconnaissance de la qualification des femmes, engendre alors la sous-valorisation des emplois qu’elles occupent, ce qui explique la différence de rémunération. Pour régler ces inégalités salariales, nous devons raisonner en « valeur travail » et non en terme d’emploi. A valeur égale, salaire égal ! Pour acquérir cette égalité, les femmes, davantage diplômées[3], ont conquis petit à petit les professions à hautes responsabilités dont elles étaient jusqu’à présent privées, en raison de leur situation familiale.
La place de la maternité dans le parcours professionnel des femmes est désormais l’enjeu majeur que doit relever notre société. Aujourd’hui de grosses firmes internationales telles que Facebook ou Apple cherchent à faire des femmes, des hommes comme les autres. Ainsi, elles proposent à leurs employées une compensation financière en échange de la congélation de leurs ovocytes afin de repousser leur maternité dans un but professionnel, incitant les femmes à mettre sur “pause” leur horloge biologique. Jusque-là, c’est la société qui s’adaptait à la grossesse des femmes, mais, avec cette proposition, c’est l’entreprise qui décide qui pourra conduire sa grossesse et quand ! Ne confondons pas égalité et égalitarisme. Avec ce type de réflexion, nous atteignons le degré zéro de l’égalité et poussons notre société à considérer la maternité comme un handicap. Ce sentiment peut expliquer que très peu de femmes saisissent la Justice pour réclamer une égalité salariale. Sur l’ensemble des saisines recensées auprès du Défenseur des droits en 2014 sur le travail, seules 3,3 % concernent des plaintes pour discrimination salariale. Mais ceci ne doit pas être une fatalité ! Aujourd’hui, alors qu’il existe de nombreuses lois relatives à l’égalité salariale, telle que celle du 23 mars 2006, celles-ci sont encore trop rarement appliquées. C’est pourquoi, nous femmes de l’UMP, nous demandons au Défenseur des Droits, de se saisir de cette question, pour une stricte application de la législation en vigueur. Revendiquons notre fierté d’être femmes, mères, si nous le souhaitons et continuons de considérer, comme le préconisait Simone de Beauvoir, que : « c’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète ».
Avec le train de mesures mises en place par le gouvernement, ce sont près de 4 milliards et demi d’euros qui ont été pris directement dans la poche des familles et cela sans compter les hausses massives de taxes et d’impôts en tous genres. Le gouvernement poursuit l’attaque des familles déjà durement ébranlées par la crise, comme si la seule cohérence de sa politique économique est d’attaquer la cellule familiale, alors que nous devons la défendre car elle a prouvé son efficacité et fait partie du socle républicain. A l’heure où la commission Européenne pointe des insuffisances d’économies, la seule réponse du gouvernement est : « Haro sur la famille ! »
Dans une époque où le chômage, la précarité, la violence sociale et la haine raciale font leur entrée dans toutes les grandes démocraties occidentales, repensons le féminisme !
[1] Plus précisément au moins 40% de femmes dès 2017.
[2] Association Pour l’Emploi des Cadres
[3] Depuis 25 ans, les femmes n’ont cessé de creuser l’écart avec les hommes en matière d’études. En 1984, seulement 19 % des hommes et 20 % des femmes, entrant dans la vie active depuis moins de six ans, possédaient un diplôme de l’enseignement supérieur. En 2008, 37 % des hommes et 51 % des femmes en sont diplômés (dernière étude INSEE).