Par Jean-François Mabut. Mis à jour le 25.09.2014
Si les paysans des anciennes zones franches sont exclus du Swissness, les Laiteries Réunies risquent la faillite. 400 emplois en jeu.
Les deux députés au Parlement français, Virginie Duby-Muller et Etienne Blanc, ont écrit à François Longchamp pour lui faire part de leur inquiétude. En jeu, la nouvelle loi Swissness que Berne a mise en consultation en juin dernier. Elle exige que 80% en poids des matières premières des produits qui voudraient porter la croix fédérale devraient provenir du territoire suisse. Or, depuis des siècles, les zones franches savoyardes et gessiennes approvisionnent le canton en denrées alimentaires locales sans payer de droits de douane. (JFM)
Le lait que les Laiteries Réunies (LRG) collectent chaque jour provient pour moitié de France voisine. L’approvisionnement de Genève en denrées agricoles en franchise de douane existe depuis des siècles. La France qui voulait abolir le régime des zones franches s’est vu imposer son maintien le 1er décembre 1933 par la Sentence de Territet qui figure dans le droit suisse. Aujourd’hui, c’est Berne et sa politique agricole qui menacent l’approvisionnement traditionnel et local du canton. Alors qu’elle accorde au Liechtenstein le privilège du label Swissness, Berne le refuse aux paysans français installés dans les anciennes zones franches qui bordent le territoire genevois.
L’affaire n’est pas nouvelle et fait de proche en proche l’objet d’articles dans la presse. Ce jeudi, c’est le journal Le Temps qui répercute à son tour l’inquiétude du directeur des LRG, lequel explique que sans le Swissness son entreprise pourrait faire faillite avec à la clé 400 emplois perdus. Jeudi dernier, c’est Le Messager qui titrait «Les agriculteurs de la zone franche menacés par le label Swissness» et faisait déjà état d’une possible faillite des LRG et du licenciement consécutif de ses 400 employés dont une bonne moitié habite en France.
L’hebdomadaire diffusé en France voisine citait les deux députés au Parlement français habitant à deux pas de la frontière, Etienne Blanc, maire de Divonne, et Virginie Duby-Muller, une jeune femme qui monte et qui vient d’entrer dans l’équipe de Nicolas Sarkozy pour la reconquête de l’Elysée.
Tous deux ont écrit à François Longchamp, le président du Canton de Genève, pour lui faire part des inquiétudes des producteurs de lait zoniens: «Nous soutenons vivement les agriculteurs. Les répercussions de la politique agricole suisse seraient dramatiques pour eux. »
Français et Vaudois membres des Laiteries depuis 1923
Dans le même article, le ministre genevois de l’agriculture abonde. Depuis le 20 juin dernier, le Conseil fédéral consulte les milieux intéressés à propos de la nouvelle loi Swissness. Nespresso ne pourra jamais arborer la croix suisse. En effet, pour l’obtenir, il faut que 80% du poids des matières premières provienne du territoire suisse. Sauf pour le lait où le parlement a fixé la règle de 100%.
«Dans le texte en consultation, précise Luc Barthassat, les garanties de protections des importations de produits agricoles locaux issus de l’agriculture voisine sont insuffisantes.» Selon le Messager, 68 exploitations laitières et 9 maraîchères sont menacées.
Les LRG sont une coopérative agricole genevoise née en 1911. Des paysans frontaliers comme des paysans vaudois en sont membres depuis 1923. «Nous avons beaucoup fait pour être labellisé GRTA (Genève région terre et avenir), le label lancé par Robert Cramer, aujourd’hui conseiller aux Etats, quand il était ministre du Territoire», dit l’un d’eux. L’Etat français est également mobilisé au travers des préfets, signale Le Messager. (TDG)
Créé: 25.09.2014, 12h57
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