Les nouveaux visages de l’Assemblée (13) Toutes les semaines, Libération.fr dresse le portrait d’un des 217 primodéputés. Aujourd’hui, l’élue UMP de Haute-Savoie, une des plus jeunes de l’hémicycle.
Elle en a entendu. «Elle ne connait pas les dossiers», «Elle n’est pas capable de penser par elle-même», sans compter les allusions à sa couleur de cheveux. Virginie Duby-Muller (blonde), 33 ans, UMP, a connu une campagne législative difficile. Comme souvent. «En tant que femme, il faut toujours se justifier», sourit-elle. Elue députée de Haute-Savoie, elle analyse: «Finalement, ces arguments sexistes, ça dessert ceux qui les portent. Je crois qu’au contraire, les électeurs sont contents de voir des femmes, ça fait de l’oxygène.» A l’Assemblée, l’UMP compte seulement 14% de femmes.
C’est bien elle qui se pose dans ce fauteuil de député. «C’est un choix réfléchi, pris avec mon entourage. Je m’épanouis.» Virginie Duby-Muller connaissait la maison. Cinq ans à Paris, comme assistante parlementaire, cinq en circonscription, «je savais où je mettais les pieds». «Beaucoup de gens ne connaissent pas le travail de député. Parfois, j’ai envie de leur dire, suivez-moi, une journée, une semaine. Le soir, on est sur les rotules…» Elle se console d’être élue de l’opposition en voyant les opportunités laissés aux néo-députés : «On a plus de temps de parole, on est plus identifié. C’est formateur.»
«Être jeune et de droite, un acte un peu rebelle…»
Virginie Duby-Muller a passé le bac, «l’année de la dissolution», en 1997. A 18 ans, elle prend sa carte au RPR. «Un acte un peu rebelle», pense-t-elle: «être jeune et de droite…». Elle ne finit pas sa phrase, mais cela semble aller de soi que ça ne va pas ensemble. Ses parents sont plutôt de droite eux aussi, mais pas encartés. Elle aime «De Gaulle, Chirac». Les «valeurs» de son camp. Lesquelles, demande-t-on à l’heure où l’UMP se déchire et François Fillon parle d’une «fracture morale»? Elle répond du tac au tac: «Le travail, la méritocratie, la liberté et la responsabilité des individus.»
Ancienne élève de Sciences-Po qui se voyait plutôt commissaire de police ou magistrate, Virginie Duby-Muller vient de déposer une proposition de résolution d’une commission d’enquête sur la théorie du genre, dont «les conséquences représentent un tel bouleversement de notre contrat social que les Français sont en droit d’en être informés». Elle est hostile à l’ouverture du mariage aux homosexuels. «Pour moi, le mariage doit rester celui d’un homme et d’une femme; c’est lié à la notion de famille». Ce qui l’inquiète? «L’instauration d’un droit à l’enfant.» Elle même est mariée, catholique, et mère d’une petite fille de treize mois. Sur son bureau de députée, un ouvrage de Sylviane Agacinski, philosophe différentialiste, pro parité mais anti mariage homo. Elle vénère «la famille traditionnelle» mais concède qu’avec deux parents qui font carrière, et veulent concilier leurs vies professionnelle et privée, la famille qu’elle a constituée est aussi «moderne».
«On a connu deux défaites, perdu un chef charismatique»
La crise à l’UMP l’a «minée». «On avait vu ça au PS, on pensait que jamais ça nous arriverait.» Elle se désole: «Les querelles durent et pendant ce temps, on est absent de l’opposition concrète, alors que le chômage s’accroît, que le triple A est dégradé.» Dans sa circonscription (53 communes et 130 000 habitants), elle entend les plaintes désolées des adhérents qui se sont pris «une grande claque». «J’essaye de les rassurer, je leur dis qu’on prépare la sortie de crise.» Quand? Comment? Elle ne sait pas mais elle est confiante: «On le surmontera». Et philosophe: «On a connu deux défaites, perdu un chef charismatique, c’est normal qu’il y ait une remise en question, ça serait arrivé de toute façon. C’est peut être mieux maintenant.»
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