Avec 4 collègues, nous avons publié une tribune pour expliquer notre vote contre la proposition de loi « Renforcer la lutte contre le système prostitutionnel ».
Tribune publiée le 3 décembre 2013 sur Rue89
LES SIGNATAIRES : 5 DÉPUTÉES UMP
Véronique Louwagie, députée de l’Orne ; Laure de La Raudière, députée de l’Eure-et-Loir ; Virginie Duby-Muller, députée de Haute-Savoie ; Marie-Louise Fort, députée de l’Yonne ; Isabelle Le Callenec, députée d’Ille-et-Vilaine.
La prostitution est un drame : un drame humain, une souffrance subie par des femmes qui, dans leur grande majorité, n’ont pas fait le choix de devenir prostituée.
La lutte contre les réseaux de prostitution doit être ferme et de tous les instants. Nous ne devons pas laisser de répit à ceux qui exploitent des femmes, les réduisant en esclavage, blessée dans leur chair.
Les objectifs affichés par la proposition de loi « Renforcer la lutte contre le système prostitutionnel »sont donc louables et partagés par la très grande majorité d’acteurs et de citoyens.
Plus d’insécurité et de clandestinité
Pourtant, la proposition de loi n’apporte aucune réponse concrète aux problématiques qu’elle prétend résoudre. Pire, elle risque d’avoir des effets contradictoires, mettant en danger les prostituées.
Le délit de racolage instauré par la loi du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure et créé par Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur sera remplacé par la pénalisation du client, en prévoyant une contravention de cinquième classe, sanctionnant le recours à la prostitution d’une personne majeure. Cette mesure poussera encore davantage les prostituées dans la clandestinité, et donc dans l’insécurité.
La volonté moralisatrice
Alors qu’il s’agit d’un texte dont les enjeux sont importants tant sur le plan des droits de l’Homme, de la santé ou encore de la sécurité, nous regrettons qu’aucun de ces éléments n’ait été sérieusement examiné, que nous n’ayons bénéficié d’aucune étude d’impact des différentes propositions contenues dans ce texte, que le gouvernement veuille « moraliser » le sujet et qu’il n’y ait eu aucune consultation préalable des associations, actives auprès des prostituées.
Après les avoir écoutées, nous sommes arrivées à la conclusion que ce texte ne permettrait malheureusement pas d’améliorer la situation de ces femmes et n’apporterait aucune solution dans la lutte contre les réseaux mafieux et proxénètes.
Loin des objectifs promus, cette loi risque de créer de nouvelles déceptions . Le quatre décembre, nous voterons donc contre ce texte et demandons avec insistance l’application stricte des dispositions déjà existantes, avec un renforcement des moyens dans la lutte contre toute forme de proxénétisme.