Intervention sur le PLF 2013 – Mission enseignement scolaire

Intervention sur le PLF 2013 – Mission enseignement scolaire

Intervention sur le PLF 2013 – Mission enseignement scolaire 120 90 Virginie DUBY-MULLER

Intervention dans le cadre du projet de loi de finances pour 2013 :

Mission enseignement scolaire

Le communiqué de presse

 

Madame la Présidente,

Madame et Messieurs les Ministres,

Madame et Monsieur les Rapporteurs,

Mes Chers collègues,

 

La Mission Enseignement Scolaire est par son volume la première de l’Etat avec 64 milliards d’euros. L’Ecole et la Jeunesse sont au cĹ“ur de la politique du Gouvernement. Soit !

Par ailleurs, Monsieur le Ministre on nous dit que vous ĂŞtes habitĂ© par votre poste, que vous savez parler aux enseignants, que c’Ă©tait le rĂŞve de votre vie. Soit !

MĂŞme dans l’opposition, on ne peut donc – au regard des enjeux : l’Ă©cole de demain – que se rĂ©jouir de ces deux bonnes nouvelles.

NĂ©anmoins vous me permettrez après avoir notĂ© les « bons points » de votre « refondation » Ă  venir, de pointer les limites et les inquiĂ©tudes qu’elle suscite au risque de passer Ă  cĂ´tĂ© des 150 000 jeunes qui sortent chaque annĂ©e de l’Ă©cole sans diplĂ´me, compromettant leur avenir professionnel et gonflant les rangs des « Neets »(Not in Education, Employment or Training).

Au registre des « bons points » figure votre habile concertation qui a eu pour rĂ©sultat d’imposer le consensus sur des mesures prĂ©conisĂ©es depuis plusieurs annĂ©es par les classements PISA-Programme International pour le suivi des acquis des Ă©lèves- dĂ©montrant que notre système Ă©ducatif en crise, ne fonctionne plus que pour une petite moitiĂ© d’Ă©lèves dĂ©jĂ  favorisĂ©s par leur origine sociale.

Il est en effet essentiel de réformer l’école en profondeur, l’Education est le creuset de la République et cette réforme doit donc se faire à partir de fondations solides. Or les nouvelles fondations que vous entendez bâtir sont bancales et ne favoriserons pas la réussite. Si nous partageons donc le même diagnostic, je ne partage pas votre thérapeutique.

1. S’agissant ainsi de la rĂ©forme des rythmes scolaires  -avec la semaine de 4,5 jours dès 2013 – qui va corriger ce qui Ă©tait une anomalie française. Permettez-moi juste une interrogation ? oĂą en ĂŞtes-vous du financement? OĂą en est la nĂ©gociation entre le Ministère, les enseignants et les communes? Avec quel argent allez-vous mettre en place une compensation financière pour les enseignants en Ă©change du retour Ă  la semaine de 4,5 jours et des heures d’aide aux devoirs supplĂ©mentaires ?

2. S’agissant du renforcement des moyens du primaire, parent pauvre de notre système et pourtant fondement de toute scolaritĂ©, la  prioritĂ© a Ă©tĂ© axĂ©e sur la grande section de maternelle et Ă  l’Ă©cole primaire oĂą l’accent doit ĂŞtre mis sur l’apprentissage de la parole, de la lecture et de l’Ă©criture si l’on veut rĂ©duire l’impact de l’origine sociale des Ă©lèves sur leurs rĂ©sultats.

On pourra alors ĂŞtre sceptique sur l’opportunitĂ© actuelle de rajouter de nouvelles matières qui vont entrer en concurrence avec les matières fondamentales en termes d’horaires: l’Ă©ducation Ă  la santĂ©, l’Ă©ducation Ă  la sexualitĂ© et Ă  la lutte contre les stĂ©rĂ©otypes Ă  partir de 6 ans, l’Ă©ducation aux medias et Ă  l’information, la morale laĂŻque. Etait-ce justifiĂ© et raisonnable ?

A cĂ´tĂ© d’une bonne maĂ®trise des fondamentaux, ne fallait-il pas plutĂ´t mettre l’accent sur l’anglais, matière oĂą la France reste un cancre : 23e sur 54 – ce qui correspond Ă  un niveau de maĂ®trise moyen- la France se situe très loin derrière les Pays Scandinaves oĂą les populations sont exposĂ©es Ă  la langue de Shakespeare dès le plus jeune âge.

D’ailleurs, des Ă©tudes rĂ©centes ont dĂ©montrĂ© qu’avoir une population avec un bon niveau d’anglais est un signe de dĂ©veloppement pour un pays, que les pays avec une bonne maĂ®trise de l’anglais sont ceux qui exportent le plus et que ce sont Ă©galement ceux dont les dĂ©penses en recherche et dĂ©veloppement et donc l’innovation sont les plus Ă©levĂ©es. 

3 .S’agissant de l’amélioration de la formation des enseignants, je ne peux que souscrire aux mesures prévues (école supérieure de professorat et de l’éducation). Mon collègue Frédéric REISS l’avait d’ailleurs évoqué en 2011 avec sa mission d’information.

La mastĂ©risation Ă©tait un peu trop acadĂ©mique et pas assez pĂ©dagogique mais ne craignez-vous pas peur que la diversitĂ© de vos recrutements (premier concours, second concours de niveau M1 en juin 2013, emplois d’avenir professeur Ă  partir de janvier 2013) soit source de problème et que la qualitĂ© du recrutement s’en ressente.

Or en Commission vous avez affirmĂ© « pour ce qui est du recrutement, l’essentiel est de redonner au mĂ©tier d’enseignant sa valeur, sa place au sein de la sociĂ©té »? N’est-ce pas le contraire de ce que vous faĂ®tes? Ne fallait–il pas plutĂ´t Ă  la suite de Luc CHATEL maintenir le niveau d’Ă©tudes et continuer Ă  revaloriser les rĂ©munĂ©rations  ?

4 .Pour finir, alors que « l’effet maĂ®tre » est reconnu par tous, permettez-moi de douter de vos « gadgets pĂ©dagogistes » (fin des devoirs Ă  la maison, suppression des « mauvaises notes », diminution drastique du nombre de redoublement, suppression de la loi Ciotti, rĂ©forme de la politique de sanction vis Ă  vis des Ă©lèves qui perturbent les cours (par exemple, limitation des exclusions temporaires de l’établissement) et de souligner leurs nocivitĂ©s.  Le suivi personnalisĂ© de l’enfant -avec ou sans notes et sanctions- est celui qui fait ses preuves dans tous les pays et c’est lui qui entraine dans notre pays le recours Ă  l’enseignement privĂ© oĂą la valeur ajoutĂ©e par l’établissement aux Ă©lèves est la meilleure. Je prĂ©cise que le programme « enseignement privĂ© du premier et du second degré » est le seul programme Ă  stagner alors que le Projet annuel de Performance prĂ©cise que  « l’Etat rĂ©affirme vis-Ă -vis des Ă©tablissements privĂ©s sous contrat  les mĂŞmes exigences» que pour le public.

La crĂ©ation d’un service public rĂ©gional de l’orientation semble une bonne idĂ©e afin de dĂ©finir une carte des formations et piloter le service public de l’orientation au plus près du terrain et de ses besoins ce qui va dans le sens d’une meilleure insertion professionnelle.

Allez-vous laisser aussi l’Ă©cole et l’entreprise se rapprocher et mieux travailler ensemble pour adapter les formations Ă  des mĂ©tiers qui Ă©voluent rapidement en professionnalisant les apprentissages ? De mĂŞme allez-vous suivre une des prĂ©conisations du rapport Gallois consistant Ă  faire entrer les entreprises dans les conseils d’administration des lycĂ©es techniques et professionnels.

Il faudra enfin, Monsieur le Ministre, rĂ©affirmer l’obligation de la formation continue des enseignants en enrichissant la carte des formations (semestre Ă  l’universitĂ©, stages en administration, dans le secteur associatif et en entreprise). C’est d’ailleurs dans ce cadre que pourrait rentrer la formation sur le handicap dont parle Monsieur MENARD Ă  la fin de son rapport pour avis centrĂ© sur la scolarisation des enfants handicapĂ©s dans le primaire.

La formation continue est, en effet, le canal principal de diffusion des meilleures pratiques ou des expĂ©riences rĂ©ussies en matière de lutte contre l’Ă©chec scolaire. Elle devrait ĂŞtre prise en compte dans l’Ă©volution de la carrière des enseignants par des modules variĂ©s Ă  valider.

Pour conclure, Monsieur le Ministre, si votre budget est plein de bonne volonté, son contenu n’est pas à la hauteur de l’ambition affichée : votre budget se cantonne à une logique de moyens et privilégie une approche quantitative et égalitariste. Pour favoriser la réussite, il aurait dû s’inscrire dans une culture qualitative et de résultat qui aurait valorisé le mérite.

Etre un bon philosophe, Monsieur le Ministre, ne fait pas de vous un bon architecte car lorsque les fondations sont mauvaises, le résultat n’est que cosmétique et la reconstruction ratée.

 

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