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Sept députés trentenaires, élus pour la première fois à l’Assemblée en juin 2012, ont créé le groupe des Cadets-Bourbon. Six d’entre eux étaient dans l’Ain mercredi. L’Express les a suivis entre visites d’entreprise et blagues potaches.
Jeunes et ambitieux, ils ne sont ni traders, ni membres d’un boys band, mais députés. Tous trentenaires et élus pour la première fois en juin 2012, en pleine vague rose, ces sept parlementaires UMP ont décidé de créer le groupe des Cadets-Bourbon, sitôt leurs quartiers pris à l’Assemblée. Un an de travail plus tard, ils sont sortis de l’ombre pour entamer un tour de France, bras dessus, bras dessous.
Après une escale à Carpentras en septembre et à Tourcoing en octobre, les voici, en cette fin novembre, à Oyonnax, dans l’Ain. Député du coin, Damien Abad (33 ans) reçoit Julien Aubert (35 ans), Guillaume Chevrollier (39 ans), Alain Chrétien (38 ans), Gérald Darmanin (31 ans) et Virginie Duby-Muller (34 ans), seule femme de la bande, comme le souligne d’ailleurs son surnom, la Schtroumpfette. Seule absent, le député de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli, concentré sur sa campagne municipale à Ajaccio.
« Ce gilet, c’est parce que tu as perdu un pari? »
Le déroulé de ces journées est désormais bien rôdé : une journée de visites dans des entreprises locales autour d’un thème ensuite décliné en une proposition de loi. Dans l’Ain, les « Cadets » s’intéressent à l’innovation et propose d’équilibrer le principe de précaution inscrit dans la constitution avec le principe d’innovation.
Pour illustrer leur proposition de loi, ils ont prévu trois visites en usine, une table ronde avec des patrons et une rencontre sur un campus. Avec un tel programme, et surtout une telle troupe, difficile de garder le cap. Les questions fusent, les blagues aussi. « Ce gilet, c’est parce que tu as perdu un pari? », lance Gérald Darmanin à Julien Aubert, fraîchement arrivé de son Vaucluse électoral. Ou quelques sous-entendus à la vue d’une pièce en plastique de forme phallique.
Les Cadets-Bourbon sont turbulents, et alors? Ces jeunes élus misent sur leur bonhommie pour renouer le contact avec des citoyens de plus en plus rebutés par la politique. « Nous souhaitons incarner une génération de proximité », assure Virginie Duby-Muller. « Nous sommes à la croisée des chemins. Nous ne ferons plus de la politique ces vingt prochaines années comme nous en avons fait ces vingt dernières années. Nous avons besoin d’un nouveau souffle », s’enthousiasme Damien Abad. « Sur les marchés, les gens nous disent: ‘au moins, vous n’êtes pas encore pourris' », se rassure Gérald Darmanin.
Tous pour un, un pour tous … et les différences de chacun
Cette ambiance de colonie de vacances ne fait pas oublier l’hétérogénéité de l’attelage. Il faut voir le sourire gourmand de Julien Aubert à l’idée de crier haut et fort son euroscepticisme devant Damien Abad, fédéraliste convaincu. Tous ou presque ont misé sur un champion différent en vue des prochaines années : Guillaume Chevrollier assiste aux réunions des fillonistes, Julien Aubert a soutenu Jean-François Copé, Alain Chrétien est un proche de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin de Xavier Bertrand.
Le plus étonnant, c’est qu’ils revendiquent ces différences sans chercher à passer par la figure imposée de la langue de bois: « Ce qui nous rapproche est infiniment plus fort que ce qui nous divise. » Devant les 300 personnes réunis pour la séance de questions-réponses de fin de journée, Julien Aubert corrige un sympathisant: « Il n’y a pas de position des Cadets-Bourbon puisque nous ne pensons pas la même chose. » Quelques minutes plus tard, lui l’énarque défendra son école pour mieux enfoncer Sciences-Po, filière empruntée par la moitié de ses camarades.
A quoi sert donc cette amicale de députés? A se faire la courte échelle pour atteindre les ministères? « Nous avons la chance d’avoir été élus dans l’opposition, veut croire Alain Chrétien. Nous n’avons aucun poste à aller chercher. Il n’y a pas de chef chez les Cadets-Bourbon. »
Le plein de munitions pour l’hémicycle
L’objectif serait donc uniquement de se faire entendre dans l’hémicycle. Et pour y parvenir, quoi de mieux que quelques paroles de Français glanées sur le terrain. Dans l’Ain, les bleus de l’Assemblée ont donc multiplié les questions à leurs interlocuteurs, sur des thèmes bien choisis: l’excès de normes, la re-fiscalisation des heures supplémentaires décidée par François Hollande et le ras-le-bol fiscal.
Avis à la gauche : ne vous étonnez pas d’entendre au cours de vos prochains débats, dans l’hémicycle ou sur un plateau télé, les terribles expériences d’un lunettier d’Oyonnax ou d’un dirigeant d’une grande entreprise de plasturgie.
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